Malgré des avancées notables dans les entreprises engagées, le sexisme ordinaire reste profondément ancré dans le monde du travail. C’est ce que révèle la 3e édition du baromètre #StOpE, piloté par l’AFMD, avec plus de 132 000 salarié·es interrogé·es au sein de 19 grandes organisations engagées, ainsi qu’un sondage national représentatif.
Des entreprises engagées… qui font la différence
Les organisations signataires de l’initiative #StOpE, engagées activement contre le sexisme, affichent des résultats encourageants :
- 87 % des salarié·es perçoivent un engagement réel de leur entreprise (vs 51 % en moyenne nationale).
- 77 % ont été sensibilisé·es ou formé·es au sexisme au travail (vs 40 %).
- 66 % des femmes s’y sentent mieux protégées contre les agissements sexistes (vs 46 % ailleurs).
Preuve que les efforts paient : on observe dans ces structures plus de vigilance, de comportements responsables, et une meilleure connaissance des dispositifs internes.
Mais le sexisme reste omniprésent
En dépit de ces progrès, les chiffres restent préoccupants :
- 70 % des femmes ont déjà été confrontées à au moins une situation sexiste ou discriminatoire.
- 2 femmes sur 3 ont vécu des comportements sexistes en réunion (interruption, mise à l’écart, commentaires genrés).
- 1 femme sur 2 estime être moins bien payée que ses collègues masculins à travail égal.
- 73 % considèrent que la maternité est un frein à la carrière, contre seulement 17 % pour la paternité.
- 57 % des femmes mettent en place des stratégies d’évitement (ne pas porter certains vêtements, éviter certains collègues, refuser des opportunités…).
Un écart de perception persistant entre les sexes
Un des enseignements majeurs du baromètre est la différence de lecture entre femmes et hommes sur les inégalités vécues :
Les hommes perçoivent moins la persistance des propos sexistes, et sont moins conscients de la charge mentale ou des renoncements imposés aux femmes.
Exemple frappant : 12 % des hommes pensent être mieux payés que leurs collègues femmes, contre 52 % des femmes qui estiment être moins bien rémunérées.
33 % des femmes ont déjà vu leur parole ignorée ou récupérée en réunion… une réalité que seulement 17 % des hommes disent observer.
Quelles priorités pour agir ?
Interrogé·es sur les leviers d’action les plus efficaces, les salarié·es plébiscitent :
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La sanction systématique des auteurs de propos ou comportements sexistes.
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Un message clair de la direction sur la tolérance zéro.
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La formation des managers et des équipes aux stéréotypes et biais sexistes.
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La création de cellules d’écoute dédiées.
Mais le baromètre montre aussi que pour la majorité, ces sanctions ne progressent pas. Il est donc temps de passer à l’action.
L’égalité est l’affaire de toutes et tous
Bonne nouvelle : une majorité de répondant·es, toutes générations confondues, estiment que l’implication des hommes est essentielle pour atteindre l’égalité femmes-hommes. Mais cela suppose une prise de conscience partagée, y compris sur les liens entre sphère privée (répartition des tâches domestiques) et égalité professionnelle.